Falaba I. Traoré était un homme du cinéma comme l’étaient les précurseurs du 7ème art. Il était à l’origine de ses films, en tant que scénariste, jusqu’à la fin du processus cinématographique, la projection.
Il possédait 2 salles de cinéma à Bamako et envoyait régulièrement ses fils projeter ses films en brousse. Cela lui permettait de nourrir sa famille, de leur offrir un emploi, tout en diffusant un message jusqu’au fin fond du pays. Cette démarche avait à ses yeux plus d’importance que d’aller recevoir un prix en grande pompe lors d’un festival.
Dès la fin de son film Jigi Folo, il décide en 1979 de s’investir dans la diffusion en brousse par le biais du cinéma ambulant.
En décembre 2001, Alice Jolin, pour les besoins de son mémoire, rencontre F.I. Traoré et s’entretiennent sur le cinéma ambulant. Cet entretien sera également diffuser dans sa totalité sur le site africulture.com. En voici un petit aperçu :
F.I. Traoré : En général, le cinéma est tributaire de l’électricité, or il n’y a pas le courant électrique partout. Il a donc fallu faire venir le cinéma dans les campagnes par le biais du cinéma ambulant. Il s’est développé surtout à partir de l’Indépendance du Mali, le 22 septembre 1960, quand nous nous sommes engagés dans la voie socialiste du développement. Dans un pays où l’analphabétisme touche près de 95% de la population et où tout manque, le cinéma est un divertissement de choix, mais surtout un moyen d’éducation. C’est pourquoi l’Union Soudanaise, qui était le parti qui a conduit le Mali à l’Indépendance, a voulu que le cinéma puisse être accessible à la grande majorité des Maliens.
[…] A. Jolin : Quelle évolution a connu par la suite le cinéma ambulant ?
F.I. Traoré : On a eu besoin d’insuffler aux masses paysannes une éducation socialiste à laquelle on croyait et on s’est servi des ciné-bus pour le faire. Maintenant, le cinéma est ambulant parce que les salles de cinéma sont très rares. Il y a beaucoup de chefs lieux de préfecture au Mali, appelés cercles depuis l’époque coloniale qui n’ont pas de salle de cinéma. Un groupe de villages forme une commune et c’est cet ensemble de communes qui compose un cercle administré par un commandant ou un préfet si vous préférez. Plusieurs cercles d’un même tenant forment une région et le Mali en compte huit. Bref, beaucoup de ces chefs-lieux ne peuvent pas profiter du cinéma puisqu’ils n’ont pas l’électricité.
[…] A. Jolin : L’État aide-t-il la diffusion cinématographique ?
F.I. Traoré : Nous, les cinéastes, avons demandé à l’État de consentir à un effort financier. En 1968, l’État a presque nationalisé les salles, tandis qu’après le coup d’état, on a libéralisé la fonction d’exploitant de cinéma. Depuis cette époque n’importe qui peut ouvrir un cinéma, or vouloir créer une salle et pouvoir le faire sont deux choses différentes. Le coût du matériel nécessaire est au-dessus des moyens du commun des mortels ici. Les projections ne sont également pas rentables. La nuit dernière, ma salle de cinéma qui est dans un quartier populaire a rapporté 3.250 FCFA (5 euros). Et il n’y a qu’une séance par jour avec un ou deux films car les salles étant à ciel ouvert, on ne peut projeter qu’une fois la nuit tombée.
[…] A. Jolin : Comment l’idée de faire du cinéma ambulant a-t-elle germé ?
[…] A. Jolin : Quels sont les autres problèmes que vous rencontrez lors des projections ?
Retrouvez la totalité de cette interview sur le site d’Africulture.com : Le cinéma ambulant article d’Alice Jolin.
Dernière tournée de cinéma ambulant de F.I. Traoré en images
En 1994, pour les besoins de tournage du film Cendres et soleil de S. Drolet, F.I. Traoré va réaliser sa dernière tournée de cinéma ambulant dans la 3ème région du Mali (région de Sikasso) avec sa Falaba’s mobile.