Sa vie, son parcours, son histoire.

Falaba Issa Traoré - 1993

Falaba Issa Traoré en 1993, lors du tournage de Cendres et soleil (S. Drolet)

Falaba Issa Traoré était un écrivain, comédien, réalisateur, dramaturge et conteur malien. Son activité artistique est très étendue, théâtre, radio, écriture, musique et cinéma. Il a tout d’abord été enseignant, directeur de troupes théâtrales puis a créé et dirigé des émissions de radio au Mali. Il a été le premier directeur du théâtre national, directeur de l’ensemble instrumental du Mali. Fin des années 70, commence sa carrière cinématographique, il a travaillé en tant que scénariste, réalisateur, acteur et producteur.
Il est né en 1928 dans la région de Bougouni (Mali) et est décédé le 8 août 2003 à Rabat (Maroc).

Comme le disait si bien un de ses confrères et compatriote, Amadou Hampaté Bâ :  » En Afrique un vieillard meurt, c’est une bibliothèque qui disparait ». F.I.Traoré était de ceux là. Cet intellectuel, soucieux de son rôle de gardien des traditions Mandingues, était également conscient de son statut de « privilégié » et n’en a usé uniquement pour le mettre au profit, à travers ses œuvres, de ces concitoyens. Pendant près d’un demi siècle, Falaba Issa Traoré n’orientera ses travaux uniquement vers des sujets d’ordres sociaux. N’hésitant pas à pointer du doigt les multiples et complexes problèmes dont souffre un pays comme le Mali. Cet homme de culture s’efforcera de produire des œuvres populaires à la porté de tous.

Mariage de Falaba et Adama

Mariage de Falaba et Adama – filmé et intégré dans une scéne de An be no don

Grâce à cela, il changera l’ opinion de ses compatriotes au sujet des filles mères avec son film An bè no don, amenant le gouvernement à modifier la loi sur leur statut. Jusqu’ à sa mort, ce saltimbanque se battra pour et avec le peuple malien contre les injustices sociales, aidera à éveiller les consciences, à changer les mentalités, avec pour seul arme son art. Combat ayant pour unique but, aider son pays à tracer sa longue et difficile route qui le mène vers une complète démocratie.
Il était marié et père de 12 enfants. Après son décès il laissera, à sa veuve et à ses enfants encore vivants, une modeste masure quelques lopins de terre et les droits d’auteurs de ses œuvres. Le Mali lui rendra un dernier hommage avec des funérailles nationales.

Son parcours

F.I.Traoré dans son village

F.I.Traoré dans son village de Falaba entouré de ses habitants

Falaba Issa Traoré est né en 1928 de parents paysans, dans un petit village (Falaba) du cercle de Bougouni au Mali. Après des études primaires dans cette ville, il a fréquenté un cours normal d’ instituteurs et pris du service dans la région de Sikasso. Ex sergent chef d’infanterie de l’armée coloniale, éducateur, communicateur, poète et écrivain, est Septième Niangaran du Mali.
Il commencera sa carrière d’enseignant en 1945, il sert successivement à N’Kourala, Kassaro, Kita, Kourounikoto (villes toutes situées dans la partie sud du Mali), Bamako, où il est successivement directeur d’école, responsable à l’Institut Pédagogique National et à l’Institut National des Arts. Lorsque l’état malien sera crée, il sera détenteur de la Carte d’Artiste Numéro 1 de la République du Mali.
Ensuite il exerce aux fils des ans les postes dans les différents secteurs suivants :

Théâtre :

F.I.Traoré pendant une répétition

F.I.Traoré pendant une répétition
de sa pièce Tempête à l’aube

Homme de théâtre, il est membre fondateur du Centre Culturel de Kita en 1955, directeur-metteur en scene de la troupe de Kita, championne du Soudan Français et demi-finaliste de la Coupe d’AOF de Théâtre en 1956. En 1958, il est responsable de la section Théâtre et Danse du Premier Festival de la Jeunesse d’Afrique Noire tenu à Bamako en septembre.
Directeur-fondateur de la Tarbam (Troupe Artistique de la Région de Bamako), puis du Yankadi (troupe privée), il est auteur et metteur en scène de nombreuses pièces à succès dont « Tempête à l’Aube« . Directeur-fondateur de la Cinémathèque Nationale du Mali, il est également Directeur des Spectacles du Mali et à ce titre dirige les formations artistiques nationales au Festival des Arts Nègres de Lagos en 1977, poste qui lui donne l’opportunité d’impulser le genre Kotéba.

Radio et administration :

Falaba animateur radio

Falaba animateur radio
dans les années 60

De 1961 à 1968, il est premier secrétaire à l’organisation du SNEC (syndicat National de l’Éducation et de la Culture ), animateur de la rubrique littéraire de l’EDUCATEUR. Dans le même temps, il est correspondant du quotidien L’ESSOR, producteur à RADIO-MALI, où il crée et dirige : les émissions « Regards sur le Mali et Caravane-Variétés ».

Littérature et contes :

Falaba et sa machine à écrire

Falaba chez lui
et son inséparable machine à écrire

Écrivain, il publie : des poèmes, articles de presse et des recueils de contes. « Contes et Récits du terroir » publié en 1970, sera son ouvrage le plus représentatif, comme le dira C. Dembélé en préface : « Une profonde connaissance des contes du passé africain, jointe à un art concis et éprouvé de la narration, font de l’auteur un écrivain de qualité, qui n’a peut-être pas fini d’étonner le lecteur africain« .
Conteur, il recevra le 2ème prix aux IIème Jeux de la Francophonie, tenus à Paris en 1994.

Musique :

Directeur de l'EINM

Directeur de l’EINM

A la fin des années 60, il est nommé directeur de la section cinéma et formation artistique nationale au ministère des Arts et de la Culture. Il se retrouve, en 1976, à diriger l’Ensemble Instrumental National du Mali et se lance dans l’écriture d’œuvres musicales inspirées des airs traditionnels. Poste où il revoit, corrige, arrange l’essentiel du répertoire de l’EINM et des orchestres régionaux, réussit ainsi le pressage de disques, des célèbres opéras Soundiata ou l’épopée mandingue, Dah Monzon ou l’épopée Bambara et d’autres succès de la musique malienne. Spécialiste de musique traditionnelle, il donne une conférence d’ethnomusicologie sur la musique mandingue aux Festival des Arts contemporains de Royan en 1977.
Très attaché à la musique traditionnelle, il continuera son travail d’auteur en composant toutes ses musiques de films.

Cinéma :

F.I.Traoré dans Jama Benkan

F.I.Traoré dans le téléfilm Jama Benkan (1999)

Cinéaste et comédien, il produit des films de long et court métrage, des documentaires et interprète les premiers rôles dans des films maliens et étrangers.
En 1982, Falaba a constitué la Cinémathèque du Mali dont il était le directeur.

A ce jour, il a réalisé :
Jigi Folo (Première lueur d’espoir) – 1979 : une femme et son enfant poliomyélite renonce aux médecines traditionnelles pour un centre pour handicapés.
An bè no do (Nous sommes tous coupables) – 1980 : ce film traite du problème de l’infanticide et des enfants adultérins. [Mention spéciale du Prix de l’OCIC (Office Catholique Internationale du Cinéma) au Fespaco 1981]
Kiri Kara Watita (Duel dans les falaises) – 1985 : l’histoire d’une femme et de 2 hommes vivants dans les mystérieuses falaises de Bandiagara en pays Dogons. (Prix des éditeurs SARKOFA au Fespaco 1987)
Bamunan (Le pagne sacré) – 1990 : un jeune homme voit tout s’éffondrer autour de lui après avoir été atteind de la lèpre, jusqu’au jour ou… (Prix de la meilleure actrice Fespaco 1991 : Mariatou Kouyaté)
Sida so (La maison du sida) – 1996 : diffusé à la télévision malienne – ORTM
– Le contrat social – 1999

En tant que comédien, il a notamment joué dans :
– « A Banna » film de Kalifa Dienta. 1980.
– « Cendres et soleil » film de Stéphane Drolet. 1994.
– « Guimba, Le Tyran » film de Cheick Oumar Sissoko. Grand prix du Fespaco 1995.
– « Le pacte social » (Jama Benkan), « N’Tronkélé » et « Sanoudié » courts-métrage de Boubacar Sidibé, respectivement en 1999,2000,2002.

F.I. Traoré lors de l'émission Bulonba - 05-09-2002

F.I. Traoré lors de l’émission Bulonba – 05-09-2002

Interview de Falaba Issa Traoré

Lors de l’émission culturelle Bulonba de l’ORTM, du 5 septembre 2002, animée par la journaliste Hawa Toé, dévoile une partie de sa longue carrière.

Voir un résumé de l’émission >